Psychanalyse pour un trio [PV Suki]

 
C'est une journée calme. Une journée un peu comme toutes les autres en fait. Quelques élèves passent durant la journée, me parlent un peu de ce qu'ils veulent confier puis repartent. Certains sont plus violents au niveau des paroles. D'autres en viennent aussi aux mains et là je remercie le fait d'être une vampire. Il y a tout de même quelques avantages. Et pour les plus violents, Misaki me donne un coup de main. J'ignore pourquoi même même si nous partageons le même corps, Misaki possède quand même plus de force que moi. Ou alors elle sait mieux la gérer et cela me donne l'impression que sa force est décuplée par rapport à la mienne. Je ne sais pas. Dans tous les cas, elle reste meilleure que moi pour gérer les élèves les plus perturbateurs.

La fin des cours arrive et j'ai pu avoir deux heures de tranquillité. Ca m'a permis d'avancer dans les rapports à rendre au directeur. Ecrire des brouillons durant les séances c'est bien beau mais après il faut tout de même du temps pour tout mettre au propre. Une personne frappe finalement à la porte, coupant mon élan de motivation pour la paperasse. Je donne l'autorisation pour entrer et peu après, je découvre la silhouette masculine d'un jeune homme. Sans doute encore un élève. Ce sont eux que je reçois le plus souvent. Bien sûr je reçois aussi quelques profs et autres membres du personnel.

- Ah ?

Je vérifie vite fait mon agenda et découvre qu'en effet, j'ai bien un rendez-vous avec le dénommé Karl.

- Ah oui, en effet.

° Bécasse...
* Sans commentaire...

- Tu peux t'installer sur le divan, ne te gêne pas.

Encore un timide. Je n'ai rien contre eux, bien au contraire moi aussi j'ai eu une période de grosse timide. C'est juste facile à les reconnaître. Ils restent dans leur coin sans trop oser s'installer alors que généralement, il n'y a rien à craindre. Ils sont censés se mettre un peu à l'aise pour que ce soit plus simple pour eux de parler. Que ce soit assis sur une chaise ou sur un divan, on s'en fiche ! Et lui, il n'est pas le premier timide que je croise. En général ils le sont durant les premières séances et ensuite ils sont plus détendus. On verra bien avec celui-là.

° Encore un coincé. Fais-le partir, il va aussi se plaindre qu'il n'a pas d'ami, que sa famille le déteste, qu'il ne se sent pas à sa place ici, ou une autre connerie de ce genre...
* Où est passé le peu de sympathie dont tu sais faire preuve ?
° Aux oubliettes avec ma motivation d'écouter tout ces niauchards...
* T'es pas obligée d'écouter non plus.
° J'entends quand même espèce d'idiote, c'est pareil !
* Tant pis pour toi...

- Alors pourquoi avais-tu besoin de me voir Karl ?

° Parce qu'il est dingue ou dépressif comme le trois quart des gens qui viennent dans ce bureau...
* Misa....

Parfois elle me désespère. Elle fait preuve d'une mauvaise foi sans limite. Je n'ai jamais vu ça. Elle s'est pourtant améliorée au niveau des relations. Pourtant depuis le réveil, elle est insupportable. Une humeur de chien, prête à mordre – au sens littéral – tous ceux qui ont le malheur de dire un mot ou faire un geste de travers et des commentaires désagréables.

 
La personne qui a inventé les agendas a bien fait. La personne qui inventera un aide-mémoire qui soit voyant sans ouvrir un bouquin, ça sera génial. Les post-it existent mais ils sont chiants. Il m'en faudrait trop. Ca serait juste horrible. Des post-it sur le bureau, sur l'ordi, les murs, les fenêtres.... Vraiment partout. Ce serait juste insupportable, autant pour moi que pour Misaki. Oui oui même pour elle. Ca lui arrive de faire une apparition dans le bureau et parfois même durant ou même avant une séance. Et je sais que ça la ferait juste rager de voir des post-it partout. Elle les arracherait tous sans exception.

Bref l'agenda m'est tout de même très utile. Grâce à lui, je peux me souvenir de mon rendez-vous d'aujourd'hui. Encore heureux parce que je l'avais totalement oublié. Du coup lorsque Karl est arrivé et m'a parlé de la séance prévue, j'ai eu un instant de bug. Je le laisse alors s'installer et se mettre à l'aise puis je lance enfin la vraie conversation. Qu'est-ce qui le tracasse au point d'avoir besoin de me voir ? Je dois admettre que je ne m'attendais pas du tout à entendre sa réponse. En fait il ne vient pas pour lui mais pour ses deux minis consciences.

- Verdun ?

J'avoue ne pas savoir ce que c'est. Une guerre ? Possible. L'histoire n'a jamais fait partie de mes points forts puisque ce n'est pas une matière qui m'intéresse vraiment. Enfin peu importe en fait. Je regarde alors les deux petites personnes sur le bureau. L'une d'elle proteste et me fait presque penser à Misaki.

- Ils sont censés être un ange et un démon, non ? Il n'y a rien d'anormal à ce qu'ils se disputent souvent puisque ce sont deux races qui ne s'apprécient pas beaucoup de base. Et puis une conscience normale est déjà faite de contradictions perpétuelles.

C'est bien pour ça que l'on appelle ça une conscience. Il y a toujours une partie qui nous dicte de faire une chose et une seconde partie qui nous dicte de faire l'inverse. Ce n'est pas souvent que les deux sont du même avis.

- Enfin je suppose qu'on peut tout de même essayer d'améliorer leur entente. On va déjà commencer par voir ce qu'ils se reprochent l'un à l'autre.

Je regarde à nouveau les deux petites consciences, toujours attentive à ce qu'ils peuvent se dire ou à leurs réactions.

- On commence par la fille.

Non je ne connais pas leur nom. Je n'ai pas les dossiers de toutes les personnes présentes ici. Je n'ai que ceux de mes patients. Et je n'ai pas toujours le temps de tout regarder alors la plupart du temps, je zieute juste le nom du patient et son problème s'il en a un.

- Déjà, comment t'appelles-tu ? Ensuite qu'est-ce que tu reproches à l'autre ?

Peu importe pour qui est la séance, je dois savoir ce qui pose problème avant de pouvoir essayer de les aider. Si je ne sais pas ce qu'ils se reprochent l'un et l'autre, je ne peux pas préparer de potentiels plans pour les aider. Et puis c'est toujours mieux comme manière de procéder que si je laissais Misaki s'en charger. Elle serait plus radicale. Même maintenant elle a des attentes envers moi et je sais que je la décevrai parce que je n'y répondrai pas.